Brusquer l’échelle
Et résolument entrer dans l’image, y laisser mon reflet poursuivre la lumière.
Des crépuscules, des aubes, autant d’instants de combat entre l’ombre et la lumière.
La lumière, comme une trouée dans chaque image, et toujours ce contrepoids d’obscurité qui leste le paysage d’une part d’ombre. L’accroche minérale me fixe à cette image. Elle est l’autre forme de mon ombre, la face cachée, secrète de mon être sans reflet.
Je flotte sans reflet, mais une ombre me relie. Je suis fixé à ces multiples vignettes simultanément. Je suis tout à la fois devant le précipice, et le nuage, devant ce bateau ou ces ombres, je suis dans chaque dessin, projection réduite de ma personne flottante.
Je me regarde dans un miroir. Il me reflète en six paysages différents, qui ne coïncident jamais avec celui dans lequel je suis.
Qui suis-je ?

Ludovic Fouquet, extrait du texte écrit autour des peintures de Peter Balkee, dans le cadre du Chaillot-nomade au Louvre, Corps d’ombre (2007)

Songes mécaniques, créée en 1998 (Blois-France) s’intéresse au rapprochement des disciplines, à leur rencontre et aux rencontres de créateurs divers. Avec pour point de départ le théâtre, la vidéo, les arts visuels, la cie développe spectacles, performances d’images en musées ou galeries, ateliers théâtre-vidéo et « lectures en contrepoints » ; lecture de texte contemporain accompagnée d’un danseur, d’un plasticien, d’un artiste sonore, etc.
Si le point de départ peut être un texte de théâtre (Beckett, Mishima, Deutsch, Rodrigo Garcia, Wajdi Mouawad, …), il n’en n’est pas la seule origine. Nous parions sur un théâtre d’image à texte, qui emprunte à divers répertoires, nourris de références anciennes aux images comme de produits du monde contemporain.
Chaque projet est l’occasion d’une recherche autour de la confrontation corps/image, présence d’un corps face à une image, voire dans l’image.
Corps, ombre, image, espace, univers visuel et sonore, célébration d’un plateau ou d’une salle de musée, d’un espace traversés d’énergies.
Texte et image, texte sur l’image, texte devenu image, corps écran.
Mais aussi parole et présence, venir marcher et se tenir devant, énumérer nos rages ou crier nos joies. Confronter l’énergie des corps à celle des images et parier sur une rencontre.